Quand on parle de qualité de vie au travail (QVT – Qualité de Vie au Travail), on pense
souvent aux horaires, à l’équilibre vie privée / vie professionnelle, ou aux dispositifs de bien-
être. Mais l’espace physique de travail, souvent méconnu des salariés, joue un rôle
fondamental dans la santé physique, mentale et le moral au quotidien.
Pourquoi l’espace compte…
L’environnement dans lequel on travaille n’est pas neutre : bruit, promiscuité, lumière mal
dosée, inconfort postural, chaleur excessive… Autant de facteurs qui affectent la
concentration, la fatigue, le stress et les troubles musculo-squelettiques (TMS).
Par exemple :
● Dans les bureaux dits “open space”, un bruit de fond continu et les perturbations
permanentes (conversations, appels) aggravent la fatigue, le stress et la
démotivation.
● Dans les environnements très confinés, on observe également ce que l’on appelle le
« syndrome du bâtiment malsain » : mauvaise qualité d’air, pollution intérieure,
climatisation mal réglée, matériaux chimiques… autant de causes de symptômes
(irritations, maux de tête, malaises, baisse de concentration).
Ainsi, travailler dans des locaux exigus ou mal aménagés ne touche pas seulement le
confort : c’est une question de santé, de performance et de dignité professionnelle.
Quelles normes et recommandations ?
L’employeur est responsable de la santé physique et mentale de ses salariés et a, en la
matière, une obligation de résultat.
• Le code du travail ne définit pas une surface minimale (Article R 4214-22) pour travailler.
Mais la circulaire ministérielle (DRT n° 95-07 du 14-04-1995 relative aux lieux de travail)
indique : chaque fois que des normes spécifiques existent, elles seront prises pour
référence.
Pour guider les employeurs et les représentants du personnel, il existe des repères
reconnus :
● La nouvelle norme AFNOR NF X 35-102 de février 2023 ne fait plus référence à
des surfaces minimales, mais préconise des distances de circulation entre postes.
● Ergonomie du poste de travail : l’aménagement doit permettre une posture
naturelle, un bon réglage de l’écran, du clavier, un support pour les pieds si besoin,
et des temps de pause pour reposer les yeux.
● Adaptation des espaces collectifs et des cloisons : dans un plateau ouvert,
prévoir des espaces “bulles” ou locaux silencieux pour le travail concentré, des
zones de détente suffisamment espacées, des cloisons acoustiques ou panneaux
absorbants.
● Confort thermique : avec les fortes chaleurs, le sujet devient critique. Le Code du
travail impose que l’employeur évalue les risques thermiques dans le document
unique, mais il n’existe pas (pour l’instant) de température maximale fixée
légalement. Tout de même, au-delà de 30-33 °C, les risques pour la santé
augmentent (fatigue, déshydratation, baisse de vigilance).
● Ventilation, qualité de l’air, éclairage : un bon renouvellement d’air, des
équipements non polluants, des éclairages adaptés, et la réduction des sources de
nuisances chimiques sont essentiels pour éviter les syndromes des bâtiments
malsains.
● La norme AFNOR NF S 31-080 fixe des niveaux acoustiques selon le type
d’espace.
Ces recommandations techniques doivent être complétées par une démarche concertée
entre employeur, représentants du personnel et services de santé au travail.
Le point de vue CFTC : audace et exigences
Pour la CFTC, le sujet de l’espace de travail n’est pas accessoire : c’est un levier structurant
du bien-être et de la performance collective. Voici les principes à faire figurer dans chaque
contribution, négociation ou revendication :
1. Des surfaces minimales garanties dans les bureaux, y compris en open space,
avec des zones de retrait pour travailler sans bruit ou interruptions.
2. Des aménagements modulables et évolutifs : les espaces doivent pouvoir
s’adapter aux besoins (réunions, travail isolé, travail collectif), et non l’inverse.
3. Un contrôle du confort thermique : des mesures saisonnières (climatisation,
ventilation) et une vigilance accrue pendant les vagues de chaleur.4. Qualité de l’air et assainissement : privilégier les matériaux non nocifs, entretenir
les systèmes de ventilation, surveiller la présence de polluants.
5. Participation réelle des salariés : chantier d’aménagement conduit avec les
représentants du personnel. Les salariés doivent être acteurs de leur environnement
de travail.
En conclusion
La CFTC continuera de porter ce sujet dans les négociations, les audits, les instances de
dialogue social. Car un salarié en bonne santé dans un espace sain, c’est une condition
indispensable pour bâtir un travail digne.

